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Mechanical Tales

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Mechanical Tales
  • Les contes mécaniques : Quand les aiguilles du temps se disloquent, les contes mécaniques se mettent en route. Roman fantastico-steampunk, illustré de photos. (Les textes et les photos sont ma propriété. Toute reproduction même partielle est interdite)
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7 octobre 2010

Chapitre 1.7

(musique de la séance : Silent Hedges - Bauhaus dans le lecteur Deezer.)

Mechanical Tales reprend.
Parfois dans l’écriture il faut une longue pause avant de pouvoir s’y remettre, surtout quand on a d’autres priorités. Ces derniers mois les poupées n’ont pas été une priorité, il faut dire qu’une mini moi pousse à l’intérieur de mon ventre et occupe pas mal de mes pensées.
Mais il est temps de revenir un peu sur ce plaisir que j’ai à partager avec vous ce texte et ces photos.
En espérant que vous retrouverez le plaisir de cette lecture…malgré le temps écoulé.

---

Les jours suivants se ressemblaient comme deux gouttes d’eau qui ne manquaient pas de tomber.

Siegfried guettait un signe d’apaisement des éléments déchaînés. En vain !

La tempête avait ramené une pluie diluvienne qui avait duré une semaine sans interruption et comme si les larmes du ciel ne suffisaient pas à refroidir les âmes, un froid hivernal s’était abattu sur la ville depuis quelques jours.

Si le moral des habitants semblait ne pas souffrir de la colère du temps, il n’en était pas de même pour Coraalis Mauve dont l’enfermement devenait chaque jour de plus en plus insupportable.
Siegfried l’observait nuit et jour espérant un signe de rémission mais chaque matin le rituel recommençait, elle ignorait tout de ce qui s’était passé la veille. Il avait pensé que le journal pourrait l’aider à se souvenir de son passé ou du moins à garder la mémoire d’un jour à l’autre mais non, le mal s’était emparé d’elle aussi comme des autres.

Il ne voyait plus comment enrayer le phénomène.

Il y avait bien sûr le rêve qu’elle faisait invariablement maintenant toutes les nuits, le même rêve indécent qui s’arrêtait toujours au même moment. Il aurait aimé qu’elle puisse avancer dans les évènements de cette journée qui avait marqué un tournant dans sa vie passée et avait été le point de départ d’un nouveau départ pour elle, mais elle butait toujours au moment crucial où elle s’offrait sans pudeur aux trois hommes.

Il avait eu espoir au début que ce rêve réveille tous ces souvenirs, mais au fil des jours ses illusions s’étaient perdues dans un pessimisme sans foi.

Il la regardait impuissant dépérir, le moral au plus bas, l’envie de vivre semblait avoir quitté son corps. Elle passait ses journées à fixer la minuscule fenêtre jusqu’à ce que le sommeil dont elle redoutait l’arrivée s’empare de son corps quelques instants avant que des pleurs et des cris la réveillent. Cela faisait quatre jours qu’elle n’écrivait plus rien dans son journal et deux jours qu’elle refusait de toucher à son repas.

Siegfried avait longuement réfléchi à ce qu’il allait faire, il n’avait plus le choix.
Il avait soigné tous les détails et avait fait en sorte que l’on ne puisse remonter jusqu’à lui. Il avait quitté son appartement pour un plus proche. Il avait eu de la chance : la maison d’en face inhabitée offrait un bon squat pour installer son matériel le temps des préparatifs.
Tout était prêt, cela lui avait demandé du courage.

Il n’était pas sûr de son choix mais en avait-il vraiment d’autres ?
Il descendit les marches de l’escalier jetant un œil à la chambre pour la dernière fois, ses mains tremblaient. Plus jamais les marches de l’escalier ne grinceraient sous ses pas. Oui il n’avait pas eu le choix, il devait s’en convaincre.

Il referma la porte en tremblant et rejoignit sa planque pour attendre.

~~Fin du chapitre 1~~





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1 juin 2010

Chapitre 1.6

(musique de la séance : The legendary Pink Dots - Madame Guillotine dans le lecteur Deezer.)

---

Désolée pour avoir autant tardé pour mettre à jour mon histoire, mais des évènements dans ma vie font que j'ai eu beaucoup moins de temps à consacrer aux poupées.
J'ai enfin un vrai appareil photo, mon premier reflex, il me faut encore le dompter mais voilà mes premiers essais avec. Je suis super contente d'avoir craqué pour cet appareil, je sens que je vais encore plus avoir de plaisir à prendre des photos.

---

Siegfried était rentré tard, sous un ciel d’étoiles gelées. Allongé sur son lit il repensait à la conversation qu’il avait eue avec le professeur.

C’est tout naturellement que le professeur lui avait appris qu’il devait s’absenter.

« Vous ne pouvez pas partir maintenant, n’y songez pas !

-  Je n’ai pas le choix, je dois faire ce voyage. Je serai absent tout au plus un mois ou deux.

- Un mois ou deux, vous êtes devenu aussi fou qu’elle, s’était écrié Siegfried. Pourquoi maintenant ? Attendez donc que l’on soit fixé sur son sort avant d’essayer de réparer tout seul les dégâts. Laissez-moi encore essayer avant de prendre des décisions irrémédiables.

- Ce n’est pas à toi de me dire ce que je dois faire ou ne pas faire, surtout pas toi. Pour qui te prends-tu ?». Le professeur avait haussé le ton. Il n’avait jamais supporté qu’on lui dicte sa conduite et ce n’était pas cet inqualifiable personnage qui allait lui donner une leçon de morale.

« Continue ton travail, reprit le professeur. Agis comme bon te semble, puisque tu sembles vouloir prendre des initiatives. On verra bien à mon retour si tu as réussis à obtenir un résultat significatif. Mais je te le redis, je n’y crois pas. On a commencé trop tard, le processus est trop entamé pour espérer une quelconque guérison. Nous devrons nous passer d’elle de toute façon tôt ou tard et il n’y a pas de temps à perdre tu le sais bien. Alors à quoi bon s’acharner ? Même si elle se rappelle, cela changera quoi ?

- Si elle se rappelle, nous lui soutirerons les informations qui nous permettront sans doute de résoudre les catastrophes qui s’abattent sur l’humanité. Elle a les clés pour nous permettre de connaître à quel moment l’erreur a commencé.

- Utopiste ! Tu es devenu utopiste ! Je n’ai pas de temps à perdre moi. Je dois essayer de réparer. Observe-la quelques jours et si elle est toujours amnésique, tue-là. Fais toi donc plaisir. Tu en rêve depuis si longtemps. »

Siegfried méditait les dernières paroles du professeur. Oui il avait souvent  rêvé de la tuer, elle était inhumaine et ne méritait pas de respirer. Il pourrait le faire maintenant et prétexter qu’attendre n’avait rien donné mais il était anxieux pour le professeur, et s’il n’arrivait à rien et qu’au final elle puisse avoir une utilité, ne devrait-il pas la laisser vivre ?

Bien qu’il ne fût qu’un exécutant la mission dépendait de lui uniquement maintenant que le professeur était partit. Les enjeux étaient si grands, il y avait tellement d’inconnu dans ce qui devait suivre qu’il avait du mal à se projeter dans un futur.

Il se leva, alluma l’écran et s’assura qu’elle dormait. Elle semblait paisible.
Il rembobina la bande pour regarder ce qu’elle avait fait plus tôt dans la soirée. Visiblement elle dormait aussi, il passa en vitesse rapide.

« Tout est ta faute, murmura t-il. Tout est ta faute, comme toujours. Sois utile pour une fois. Dis-moi ce que je veux savoir, qu’on en finisse avec ta petite vie misérable».

Son attention fut attirée à nouveau vers l’écran. Il se passait quelque chose. Il ralentit la vitesse de la bande. Elle venait de se réveiller d’un bond et avait attrapé son journal de bord. Elle semblait terrifiée et écrivait très vite. Il remarqua quelques gouttes de sueur sur son front inquiet.
Il enfila son manteau et claqua la porte, hors de question d’attendre le lendemain pour lire ce qu’elle avait écrit.













25 avril 2010

Journal de bord- jour 2


(musique de la séance : Nicolas Repac - Black Musette dans le lecteur Deezer.)

Que se passe t-il ? Je ne comprends rien mais je suis pétrifiée de peur par ce qu’il m'arrive.

Aujourd'hui je me suis réveillée dans un lit, je ne sais pas ni qui j'étais ni où je suis. Oui j'ai déjà écrit ces mots sur ce même journal, seulement même de cela je ne m'en souviens pas. Je découvre les mots tracés par ma main, il n'y a aucun doute c'est bien mon écriture, mais je n'ai pas le moindre souvenir de la journée précédente. Suis-je folle ?

Hier, donc enfin si ce que j'ai écrit ne remonte pas à plus loin, j'ai terminé en disant que je devais attendre des nouvelles de mes ravisseurs et je n'ai pas la moindre idée de ce qui s'est passé. Sont-ils venus ? Pourquoi les mots que je lis semblent écrits par une étrangère, quelle est donc cette étrange sensation de vivre une deuxième fois la même journée?

En sera t’il de même demain ? Vais-je encore me réveiller sans le moindre souvenir de la veille ? Oh, faites que ce cauchemar se termine !

Je préférerais mourir que de ne pas savoir ce qui se passe ici.
Qui que vous soyez qui me tenez prisonnière, aidez-moi !

Une horrible pensée me traverse l'esprit, et si ça faisait des mois ou des années que je suis ici enfermée, ne me rappelant jamais du jour précédent ?
L'importance de tenir ce journal me paraît essentielle. Si ma vie est un commencement perpétuel, je dois en laisser une trace, ma mémoire sera ce journal. Je dois savoir, je dois comprendre.

Plus tard dans la soirée…

Je me suis assoupie et j’ai fais un rêve étrange.

J’étais dans une prairie verdoyante magnifique, allongée sur une couverture de soie. Au loin j’apercevais une grande maison bourgeoise, le parc dans lequel j’étais devait appartenir à ce domaine.

Trois hommes me tenaient compagnie. Ils avaient fière allure avec leurs chapeaux haut de forme et leurs costumes taillés sur mesure.
Le plus jeune semblait gêné et tripotait nerveusement sa montre à gousset. Il m’avait offert un petit bouquet de fleurs roses qu’il avait visiblement cueillies lui-même auparavant.

Il rougissait chaque fois qu’il levait les yeux et que son regard croisait le mien. Cela m’amusait terriblement. A côté de lui, un homme à la carrure impressionnante et aux favoris roux qui arpentaient ses joues bien rouges semblait beaucoup plus à l’aise.

D’un âge avancé il était à l’opposé du jeune homme, il rigolait fort en racontant des histoires drôles. Il portait un gilet en soie verte qui se mariait très bien avec ses yeux. C’était à lui qu’appartenait la maison et ce magnifique parc arboré. Il m’avait offert un très joli collier orné d’un papillon vert qu’il avait lui-même accroché à mon cou.

Le troisième homme était fort élégant et mince, habillé d’un costume à queue de pie. Il semblait être un artiste peintre connu, mais je n’ai pas compris le nom. Il portait fort bien la moustache et une barbe bien taillée, ses yeux noirs très vifs me regardaient sans cesse, son regard me mettait mal à l’aise mais je le soutenais autant que je pouvais. Lui aussi m’avait amené un présent. Une très jolie broche à cheveux ornée d’une fleur et de perles noires. 

Je conversais avec les trois hommes et nous rigolions des historiettes que nous contait le grand rouquin maître des lieux.

Je pris conscience à ce moment là de mon rêve que j’étais vêtue de la façon la plus légère qu’il soit. Je portais des bas en dentelle, une culotte et un négligé en dentelle noire transparente complètement ouvert dévoilant de façon provocante mes seins nus. J’étais spectatrice de cette scène et ne pouvait pas intervenir dans ce rêve pour en changer l’issue que je devinais arriver. Je regardais impuissante cette autre moi aguichant lancer des sourires et des œillades aux trois hommes, gonfler la poitrine, décroiser les jambes, laisser retomber le peu de linge qui la recouvrait sur les épaules pour mieux mettre en avant ses seins au cas où ces messieurs n’en verraient pas assez.

Au bout d’un moment, elle lança d’une voix suave :
« Messieurs, vos histoires m’amusent mais il est temps de passer à des jeux plus adultes. Lequel d’entre vous me fera l’honneur d’ouvrir le bal pour une valse des corps endiablée ? »
Le plus jeune baissa les yeux et s’avança sous les moqueries gentilles des deux autres.

Je me réveillai à ce moment là, horrifiée par ce rêve, par cette fille qui n’avait de moi que mon visage et mon corps mais certainement pas ce qu’il me semble être mon caractère bien que j’en sache si peu sur moi.
En tout cas, je n’ai aucune complaisance pour ces filles de joies et je serais incapable de vivre cette scène qui me fait rougir rien que d’y songer.
Je pense être pudique, d’ailleurs je suis gênée d’être dans cette chambre si peu vêtue, me sachant peut-être observée par mes ravisseurs alors que contrairement à ce rêve ma poitrine est couverte, seules mes jambes sont dénudées. Je m’interroge sur le sens de cet étrange rêve, est-ce une scène que j’ai lue, que l’on m’a racontée, que j’ai vue en peinture ?






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18 avril 2010

Chapitre 1.5

(musique de la séance : Lyre le temps-I.N.T.R.O dans le lecteur Deezer.)

Il traversa les bois immenses, il aimait ce lieu qu'il avait été contraint de quitter pour cette mission. Il n'aimait pas l'appartement en ville dans lequel il s'était installé.

Il arriva à l'usine désaffectée. De l'extérieur on n'aurait jamais pu penser que quelqu'un vivait dans un lieu si délabré. Mais le Professeur n'était pas n'importe qui, c'était un génie qui avait besoin d'espace pour créer. Le confort ne l'intéressait pas.

Il regarda à travers les grandes baies vitrées mais la couche de poussière si épaisse l'empêchait de voir à l'intérieur, il frappa trois coups à la lourde porte en fer du hangar.

Une voix enrouée lui répondit immédiatement.
« Qui est là?
- C’est moi. Qui voulez vous que ce soit ? »

La paranoïa dont le Professeur était atteint ne cesserait jamais de l'étonner. Il n'avait jamais pu s'y faire malgré les années passées à ses côtés.

« Qui ça ?
- Oh merde ! C’est Siegfried ! Vous allez m'ouvrir ou je dois défoncer cette porte ».

Il ne reçut comme réponse que le grincement de la lourde porte qui s'ouvrait.
Le professeur semblait avoir vieilli, même si c'était impossible de lui donner un âge. Il ne se ménageait pas, buvant et fumant trop. Il se demanda un instant s'il lui arrivait de manger et s'il n'allait pas en arriver à devoir lui préparer à lui aussi ses repas.
Les yeux fiévreux du Professeur l'invitèrent à entrer.

L'intérieur était dans un état encore plus sale que la dernière fois qu'il était passé lui rendre visite le mois dernier, quand tout avait commencé à dérailler.
Siegfried tendit avec un sourire la cartouche de cigarettes qu'il avait achetée pensant lui faire plaisir.

« Tu crois que j'attends après toi pour faire mes courses ?» grommela le professeur en s'emparant de la cartouche et en arrachant le papier pour ouvrir un paquet et sortir une cigarette qu'il se dépêcha d'allumer.  Il tourna les talons et ordonna « Suis-moi ! ».

Siegfried obéit mais en longeant le couloir qui amenait au bureau du Professeur, il jeta un œil au grand tableau. Il détestait ce tableau, Coraalis Mauve avait un air prétentieux et faussement serein sur cette peinture. Elle lui faisait penser à ses peintures bourgeoises des temps anciens. Le cadre doré accentuant cet effet. Il se demandait pourquoi le professeur gardait précieusement ce tableau, si loin de ce qu’avait été Coraalis Mauve.

Un peu plus loin, il s’arrêta plus longuement sur une photographie usée par le temps qu’il aimait beaucoup. La jeune femme paraissait si douce et perdue dans ses pensées sur ce portrait. Plus proche de son apparence actuelle. A quoi pensait-elle au moment de cette photo ?

Était-elle déjà en train de changer, de devenir plus humaine ? Ces questions obsédaient Siegfried depuis quelques temps déjà.

Le professeur s'attendant à cette réaction lui dit sans se retourner.

« Tu n’en as pas marre de la regarder ?
- Elle est différente aujourd'hui, j'essaie de comprendre pourquoi on en est arrivés là, murmura Siegfried.
- Je ne te paye pas pour comprendre, rétorqua sèchement le professeur.
- De toute façon vous ne me payez pas... »







1 avril 2010

Chapitre 1.4

(musique de la séance : Massive Attack-Girl I Love You dans le lecteur Deezer.)

Il l'avait trouvée recroquevillée, quasiment dans la même position où il l'avait quittée sur l'écran quelques heures auparavant. Il l'avait portée délicatement dans le lit pour ne pas la réveiller. Il l'avait couverte, avait ramassé le carnet resté par terre, il l'avait lu attentivement il lui faudrait restituer le contenu tout à l'heure.

Cette pensée l'inquiéta. C'est lui qui avait trouvé cette idée du journal de bord et il avait dû batailler pour qu'elle soit acceptée, or il ne pouvait que constater que pour l'instant cela ne servait à rien. Bien sûr il fallait attendre plusieurs jours avant d'en conclure qu'elle était perdue et que sa mémoire ne reviendrait pas, même si personnellement il n'avait plus aucun espoir.

Il rangea le plateau, finalement elle avait mangé, il était satisfait. Il se demanda si elle avait aimé sa cuisine, elle qui appréciait tant les bonnes choses, les meilleurs restaurants, les plus grands vins.

Le souvenir d'un éclat de rire après qu'elle eut vidé une bouteille d'un grand Bordeaux le perturba un instant. Il évacua vite ce souvenir douloureux, elle s'était moquée de lui ce soir là et il avait compris qu'elle le méprisait. Ça l'avait énormément vexé, et il avait été surpris de ressentir une telle frustration. Elle avait remarqué alors son air abattu, et l'avait raillé auprès des autres convives. Elle pouvait être provocatrice, juste par plaisir vengeur. Il se souviendrait toujours de ce regard, celui de la folie orgueilleuse que rien ne peut arrêter.

Il ne devait pas se laisser perturber par ses pensées, il finit son rangement, remplaça la nourriture et ferma la porte sans même la regarder.

Les rues étaient encore un peu animées, malgré le vent qui soufflait en rafale depuis le début de la journée. Il passa devant le bureau de tabac de nuit, poussa la lourde porte et acheta une cartouche de cigarettes.
Le buraliste jovial, en lui rendant la monnaie, lui souhaita une bonne soirée. Il marmonna en guise de remerciement qu'il allait en avoir bien besoin.

Le buraliste éclata de rire, lui disant de positiver : après tout c'était les grandes vacances d'été, une saison propice aux amours. 

« Mais oui c'est ça, et vous trouvez que c'est normal qu'il fasse si froid en été, vous ? » lâcha t-il d'un ton provocateur.

- Ben je n'y avais pas pensé ! Mais c'est par cycles, un bel été, un été moche vous voyez. Mon père m'a parlé de l'été, attendez c'était en quelle année? 1946, 1951, je ne sais plus trop, ma mémoire me joue des tours ses derniers temps, ça m’inquiète un peu pour être honnête. Je devrais consulter peut-être. Vous ne croyez pas ?

- Ça ne sert à rien, de toute façon vous êtes déjà mort. »

Il n'avait pas souhaité s'attarder à une discussion, il claqua la porte laissant le buraliste la bouche grande ouverte, surpris par ces derniers mots.

Il ne voulait pas être en retard, le Professeur ne supportait pas que l'on ne soit pas ponctuel.













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31 mars 2010

Des rouages du processus de création

Tout d’abord, j’entends le terme création comme l’acte de produire quelque chose. Je n’y ajoute aucun élément de valeur. Une création n’est pas forcément une œuvre d’art. Il n’y a donc aucune vantardise malsaine de parler de création quand on est amateur.

 

Une fois ce préalable définit, je tiens à ajouter que le processus qui précède une création est un sujet qui me tiens à cœur, qui m’interroge, qui me triture les méninges autant que l’acte final de créer.

 

Comment se met en branle l’imaginaire chez chacun d’entre nous est une des questions qui me fascine.

Quels sont les rouages qui font que d’une idée en nait une autre, comment elles s’agencent entre elles et aussi quels sont les efforts que l’on met en œuvre pour transformer tout cela en un produit fini ?

En lisant des interviews d’écrivains, certains mettent en avant le besoin de faire un plan, une trame. Beaucoup  se « forcent » à écrire quotidiennement, avançant cette nécessité d’apprivoiser la plume comme un instrument de musique. La créativité se dompte, elle ne se libère pas mais se travaille.

 

J’avoue que même si je pense effectivement que l’écriture s’apprend et se perfectionne, je ne me sens pas vraiment prêtre à forcer le désir d’écrire.

 

J’ai peut-être la naïveté de croire que l’imagination ne se maitrise pas, elle se vit et se déverse quand elle en choisit elle-même le moment.

 

Je n’ai établi aucune trame écrite des Contes Mécaniques. Par contre j’ai les grandes lignes dans ma tête, je sais exactement où je veux aboutir, quelle sera la fin, les grandes étapes pour y arriver même si cela reste flou.

Je pense que j’ai besoin de ce flou, il m’est nécessaire de ne pas trop figer par avance les évènements pour garder la souplesse nécessaire au changement, pour laisser la pensée évoluer au fil des pages.

J’ai un énorme défaut c’est de me désintéresser de ce que je « maîtrise ». Encore une fois le processus pour y arriver m’importe autant que le produit fini.

 

Prenons un exemple, j’ai appris très jeune la guitare classique. Je me souviens de mon premier cours de guitare, j’attendais dans la salle que l’élève me précédant termine sa leçon et le morceau qu’il jouait était tellement beau et complexe (Hecto Villa-Lobos- étude n°1) qu’intérieurement je me suis dit que le jour où j’arriverais à le jouer serait un jour tellement magique que je donnerais tous les efforts pour l’atteindre.

Quelques années plus tard, j’ai appris ce morceau. Mon intérêt pour cet instrument a décliné ensuite jusqu’à aujourd’hui où cela doit bien faire 5 ans que je n’ai pas sorti ma guitare de son étui.

Je trouve ça extrêmement dommage, non pas que j’étais doué ce qui n’était d’ailleurs pas le cas, mais parce que je ne ressens plus le plaisir de jouer et la satisfaction d’arriver à produire des sons qui  me faisaient rêver.

 

Bref, l’avantage de connaître son caractère est de pouvoir anticiper ces effets néfastes.

Donc aucune trame, tant que c’est en moi cela m’appartient, une fois sur le papier cela m’échappe totalement et la peur qu’en figeant en amont la trame me désintéresse de l’envie d’écrire.

Par contre, j’aime les challenges, la complexité, m’imposer des épreuves qui permettent de titiller l’imagination, de l’affoler, de la bousculer.

Là aussi, faignante de nature (oui, oui j’ai beaucoup de défauts) je ne peux pas me permettre de m’endormir sur mes lauriers et travailler « mollement ».  L’avantage de la contrainte est qu’elle est l’ennemie de la page blanche, comme si planter des aiguilles dans l’imagination lui donnait le soubresaut nécessaire de vie qui permet de prendre son clavier (j’ai horreur d’écrire à la main) et de clapoter les touches à grande vitesse (du moins ce que permet la vitesse quand on tape à 3 doigts).

 

La contrainte ici est de mêler texte et images (je rajouterais une contrainte technique supplémentaire qui est de travailler avec un appareil photo nullissime et de devoir passer le plus gros de mon temps à la retouche afin d’atténuer cela).

J’essaye d’avoir quelques textes d’avances (entre 5 et 10) mais pas de trop non plus car je ne recherche pas l’illustration d’un texte finalisé mais bien un processus qui se complète dans le plaisir d’avancer de commun et de varier les plaisirs.

D’ailleurs pourquoi alors, écrire quelques textes d’avances ? Ce n’est pas forcément un choix délibéré, mais disons quand l’envie de prendre la plume (c’est plus joli que de dire prendre le clavier) se fait sentir je ne vais pas arrêter le flot. Le découpage se fait ensuite.

Je pourrais mettre plus de textes me direz-vous et ne pas faire de découpage.

Oui mais non vous répondrais-je ! Car j’ai aussi une contrainte supplémentaire, celle de ne posséder qu’une seule poupée et de devoir faire en sorte de pouvoir illustrer toutes les séances (oui là aussi je m’impose ce type de contraintes, ne pas laisser de textes sans images).

Ceci dit cette contrainte de la poupée unique commence à peser lourdement, j’ai d’ailleurs en attente une nouvelle poupée (enfin une tête, le corps viendra ensuite)(et là je me dis que ceux qui ne fréquentent pas le monde des dolls doivent commencer à se poser des questions sur ma santé mentale) qui me permettra de me libérer de cette contrainte qui loin de titiller l’imaginaire, a plutôt tendance à le limiter.

  

D’ailleurs j’attends cette tête pour la prochaine séance, car j’ai une idée de photo qui colle bien à la suite du texte et qui nécessite ce deuxième personnage. Bon je m’ajouterais une contrainte (encore, je dois vraiment être maso) puisqu’il n’est pas question que mon personnage ne soit qu’une tête et qu’il me faudra donc laisser croire que cette tête possède un corps (manche à balais+mousse+habits devraient faire l’affaire).

J’espère toutefois qu’elle va arriver vite car je n’aime pas devoir interrompre la rythme que j’ai pris d’au moins une séance par semaine.

 

Et parce que je suis extrêmement curieuse, je ne peux m’empêcher de conclure cette note par cette question :

Quel est donc le processus que vous utilisez pour créer ? Comment vous travaillez ? Quels sont les aiguilles qui transpercent votre imagination ?

19 mars 2010

Chapitre 1.3

((musique de la séance : REM-New Orleans Instrumental No.1 (LP version) dans le lecteur Deezer.)

Nerveusement il décrocha le combiné du téléphone.
« Oui je sais, non elle ne m’a pas vu, bien sûr. Je connais les règles, pas la peine de me les rappeler. Comment ça ? Vous ne pouvez pas faire cela, pas maintenant. Oui désolé, bien sûr je ne vous décevrais pas. Oui c’est ça, je passerai ce soir bien entendu ».
Il raccrocha furieux, passa devant l’écran et l’éteignit, il n’avait plus envie de la regarder pour l’instant. Il retourna dans la cuisine pétrir sa pâte à pain.

De l’autre côté de la ville, au nord dans les bois, une main caressait un téléphone très ancien à cadran et attrapa nerveusement une cigarette en regardant les nuages noirs. Il fallait agir et vite. Il ne pouvait pas lui faire confiance mais avait-il le choix ? Il espérait juste qu’il ne déraillerait pas trop ou en tout cas pas trop vite.
Il attrapa son tournevis, et se remit au travail.

Coraalis-Mauve avait passé une bonne partie de la journée à se concentrer, la moindre chose insignifiante dont elle aurait pu se rappeler lui aurait donné un espoir. Mais elle finit par se faire une raison, elle n'avait plus aucun souvenir de sa vie. Sa mémoire semblait complètement vidée, comme si on avait balayé toutes traces de vie à l’intérieur d’elle-même.

Effrayée, elle resta des heures à contempler le bout de ciel triste qu'elle pouvait apercevoir à la fenêtre. Bizarrement elle se rappelait le nom des nuages, le nom des couleurs et des objets l'entourant, le nom des aliments qui composaient le repas qu'elle avait fini par engloutir bien qu'elle ne voulait pas y toucher, mais elle ne savait toujours pas qui elle était et ce qu'elle faisait ici.

Épuisée elle s'endormit par terre.

19 mars 2010

Chapitre 1.3 - supplément photo




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10 mars 2010

Chapitre 1.2

(musique de la séance : Dan the Automator-Ball Til You Fall dans le lecteur Deezer.)


De retour chez lui, enfin dans le sordide studio sous les toits qu’on lui avait loué, il l’avait observée le reste de la journée grâce à la caméra de surveillance, sans rien faire d’autre.

Elle avait paniqué au réveil, hurlé pour qu’on lui ouvre puis enfin elle avait découvert le carnet. C’est exactement ce qu’il attendait d’elle. Il était curieux de lire son journal, mais il faudrait pour cela attendre le soir quand elle serait enfin endormie d’un sommeil si profond qu’il pourrait l’observer de près et sentir sa respiration saccadée sans qu’elle ne se doute de sa présence.

Il aimait cette partie du travail, il aimait la regarder, elle l’avait toujours intrigué de toute façon, du plus loin qu’il se souvienne. Il était temps de préparer le déjeuner qu’il allait lui apporter bientôt même si elle n’avait pas encore touché à celui qu’il avait préparé la veille.

Il s’approcha de l’écran de contrôle et fit une pause image. Elle était assise prostrée dans un coin de la pièce, les forces semblaient l’abandonner. Il manipula les boutons de l’écran pour faire un gros plan de son visage. Il n’y lisait que le désespoir, pourtant il l’avait connue bien plus combative. Elle était terriblement belle quand elle semblait perdue, c’était tellement rare de la voir ainsi. Il chassa ses pensées, sa beauté était un piège mortel où beaucoup de cœurs s’étaient écorchés. Cela l’amusa lui qui ne ressentait rien. Il la connaissait si bien pourtant l’image que lui renvoyait l’écran était celle d’une étrangère. Elle avait changé elle aussi.

Tout en pétrissant la pâte pour le pain, il souriait les yeux fixés sur ce visage de détresse.

La sonnerie du téléphone interrompit sa rêverie, il essuya ses mains pleines de farine et se dirigea vers l’appareil.






10 mars 2010

Chapitre 1.2 - supplément photo



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